Focus sur… “L’Oreille cassée” au Musée Art & Histoire
La culture Chimù
Cette sculpture en bois (1100-1450 après JC) est une statuette précolombienne, destinée à une offrande funéraire. Elle provient de la civilisation Chimù. Les Chimù ont vécu approximativement entre 850 et 1470 après JC sur un territoire que nous connaissons comme étant le Pérou actuel. Leur civilisation constituait la plus grande et la plus riche des cultures de l’époque, jusqu’à leur conquête par le royaume des Incas.
Dans l’ancienne capitale Chimù, appelée Chan Chan, des archéologues ont trouvé de nombreuses traces de cette civilisation, comme dix palais de glaise reconvertis en mausolées après le décès de leurs occupants, des potentats régionaux. Ces ruines qui se trouvent à la côte ont été reprises sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, hélas à titre de “patrimoine menacé”. Et pour cause. Des conquistadors zélés à la recherche d’or ont fouillé les ruines de fond en comble, avec des conséquences désastreuses pour le site.
Litière
Cette “statuette d’un personnage masculin” est considérée comme l’une des pièces emblématiques conservées aux Musée Art & Histoire, site du Cinquantenaire. Il représente un porteur de litière où gît le défunt et serait associé à des cérémonies funéraires.
Malgré leur sobriété esthétique, de tels items servant aux offrandes étaient anciennement décorés avec soin et finesse. La plupart a été découvert dans les bâtiments funéraires des Chimú.
Tintin et l’Oreille cassée
C’est en invité de marque dans un album de Tintin que la statuette, haute de plus d'un demi-mètre, a acquis sa renommée auprès du grand public. Dans L’Oreille cassée (album publié pour la première fois entre 1935 et 1937), elle y joue le rôle d’un fétiche qui disparaît mystérieusement du musée.
Tintin apprend le vol mais, le lendemain, l’objet dérobé est de retour, comme si de rien n’était. Ce qui surprend notre reporter, c'est que l’œuvre originale avait un dégât à l’oreille droite absent de l’exemplaire retrouvé. (Si jamais vous vous le demandez, sachez que la vraie statuette ne présente aucune dégradation aux oreilles. Hergé s’en est librement inspiré sans se soucier de la réalité.)
S’en suivent deux meurtres, une croisière à l’autre bout du monde, un peu de corruption, deux condamnations à mort injustes (heureusement sans conséquence létale pour notre héros), une guerre civile et de la jaunisse. Ajoutez à cela une traversée de la forêt amazonienne et une rencontre avec un Anglais, signalé disparu, depuis de nombreuses années. Après de telles aventures, Tintin apprend que la sculpture qu’il recherchait était un cadeau de la tribu des Arumbayas à l’origine destiné à un explorateur. Après le départ de l’expédition en question, une pierre sacrée de la tribu (inexistante) avait disparu. Par après, notre héros découvre que le voleur avait caché la fameuse pierre dans la figurine de bois précolombienne. A son retour en Belgique, après encore d’autres mésaventures et bagarres inoubliables, Tintin met la main sur l’exemplaire original qui reprend sa place au musée après une restauration plutôt sommaire. Tout est bien qui finit bien.
Le musée comme source d’inspiration
Le dessinateur Hergé a parcouru de fond en comble les Musées Royaux d’Arts et d’Histoire. En 1930, il découvre la statuette Chimù.
Ne perdons pas de vue que partir en voyage vers des destinations lointaines n’était pas une évidence pour la plupart des gens. C’est ainsi que les collections anciennes et étrangères des musées bruxellois ont inspiré de nombreux artistes du Septième Art. Pour l’album Tintin au Congo, Hergé a puisé clairement dans celles du Musée royal d’Afrique centrale à Tervueren. Essayez de retrouver les pièces de musées qui se sont échappées dans Les Sept Boules de cristal.