Donas, Archipenko & La Section d'Or. Modernisme envoûtant

Peu après la Première Guerre mondiale, le nom mystérieux et aristocratique de Tour d'Onasky fait son apparition dans les revues d'avant-garde. Derrière ce pseudonyme non-genré se cache Marthe Donas, une jeune artiste anversoise. Dès le début des années 1920, ses œuvres colorées, qui mêlent peinture, collages, cubisme et abstraction, sont exposées à travers l’Europe, mais aussi aux États-Unis et au Japon.

L'exposition met en lumière pour la première fois le rôle clé qu'elle a joué dans le monde de l'avant-garde internationale, aux côtés de son partenaire de l’époque, le sculpteur ukrainien Alexandre Archipenko, et au sein du collectif artistique La Section d'Or.

En 1917, Donas rencontre Archipenko sur la Côte d’Azur. Leur collaboration artistique intense se transforme en une relation amoureuse, donnant naissance à une série de chefs-d'œuvre. Donas parvient à transposer l'espace et le vide présents dans les créations révolutionnaires d'Archipenko, tout en apportant une touche personnelle à ses humanoïdes robotisés, en leur insufflant une singularité qui les rend uniques. Ce travail marque le début de sa quête vers une abstraction toujours plus poussée.

De retour à Paris, Archipenko et Donas deviennent des figures centrales du cercle artistique de La Section d'Or, un groupe cosmopolite rassemblant des artistes majeurs tels qu'Albert Gleizes, František Kupka, Fernand Léger, Léopold Survage et Thorvald Hellesen. Aux côtés de Donas, plusieurs femmes artistes participent également, dont Natalia Goncharova, Marie Vassilieff et la baronne d’Oettingen. Les expositions itinérantes du collectif mettent en avant des œuvres d’artistes associés à De Stijl, comme Piet Mondrian et Theo van Doesburg, que le couple comptait parmi ses amis proches.

Des œuvres majeures, prêtées par des musées de renommée internationale et issues de collections privées rarement montrées, mettent en lumière la place qu’occupent Archipenko et Donas au sein d’un réseau d’artistes qui, après les horreurs de la guerre, aspiraient à reconstruire un monde meilleur à travers l’art. Un peu plus d’un siècle après avoir ébloui la critique avec leurs créations, ils rejoignent aujourd’hui le panthéon des couples d’artistes emblématiques du siècle dernier, à redécouvrir ou à découvrir.