Savignac. Itinéraire d'un affichiste

Raymond Savignac s’inscrit comme l’un des plus redoutables affichistes du XXe siècle. Il sait qu’une affiche a peu de temps pour convaincre : elle n’est pas regardée, elle doit s’imposer. Il ne faut donc point s’encombrer. Dessiner c’est gommer, disait-il.

Selon lui, ses affiches sont « rugueuses et primitives ». Faussement simples, elles activent la part d’enfance qui sommeille en nous. L’univers est résolument humain ou humanisé, souvent centré sur un personnage unique. Souriant, bonhomme, il irradie d’une bonne humeur contagieuse.

Un trait définit, ou non, les figures. Une ligne claire noire, parfois doublée de blanc, qui appelle au coloriage. Les couleurs sont souvent réduites aux fondamentales : jaune, bleu, rouge.

Si le vocabulaire utilisé par l’artiste est élémentaire et universel, la grammaire qui l’articule est complexe. Savignac part souvent de deux idées et les contractent en un gag visuel, en un raccourci humoristique. La pirouette, prodigieuse, semble naturelle, tant les processus d’hybridation et de contamination sont travaillés jusqu’à faire surgir une image évidente.

Cet art de la simplicité s’appuie aussi sur des référents collectifs communs. Ainsi Lancelot du Lac regarde un écran de cinéma à cheval sur la table ronde ; Molière rit de son théâtre ; la barbe du père Noël se transforme en corne d’abondance, etc.