Ensor: Rêver à l'infini

À l'automne 2024, James Ensor va investir le KMSKA avec l'une des plus grandes expositions belges consacrées à Ensor depuis 1999. L'exposition plonge dans l’univers onirique d'Ensor, empreint de visions sauvages, de masques et de satire.
Le KMSKA qui dispose de la plus importante collection d’Ensor au monde et abrite également le Projet de recherche Ensor (Ensor Research Project) dédié au maître moderne, est ainsi le lieu par excellence pour présenter la vision globale sur l’artiste qu'offre l’exposition.

Ensor fut particulièrement ambitieux. Son objectif : devenir l'artiste d'avant-garde incontournable en Belgique. Il introduit à cet effet l'impressionnisme français dans son œuvre. Malgré le peu de connaissance de leur technique, Ensor développe dans les années 1880-1885 sa propre version, laquelle est plutôt inspirée par le réalisme de Courbet et de Raffaëlli. À cette époque, il peint des œuvres telles que Le salon bourgeois et La mangeuse d'huîtres. Après avoir vu les œuvres de Degas, Monet, Renoir ou Pissarro, impressionnistes français, il décide de prendre une nouvelle voie. Pour l’exposition, c’est ce tournant artistique qui constitue le départ de l'œuvre variée d'Ensor.

En 1887, Ensor entame une nouvelle aventure artistique. Il peint Adam et Eve chassés du Paradis terrestre et dessine La Tentation de saint Antoine (Art Institute Chicago). Les couleurs, directement sorties du tube, s’appliquent pures, non mélangées sur la toile, gagnant en force par une infinité de nuances. Son goût pour la fantaisie se traduit par une imagerie grotesque et inquiétante. L'artiste jongle avec des créations hilarantes et infernales à la fois, à l'image de nos rêves les plus fous. Si jusqu'alors Ensor fut un artiste qui ne cessa d'enfreindre les règles du jeu, désormais, c’est lui qui les établit : un gamechanger. Ensor se déchaîne.
La quête d'Ensor pour marier en permanence le hilarant et le macabre culmine dans sa contribution la plus saisissante au modernisme naissant. Ensor commence à peindre d’irréelles créatures masquées. Au cours du 19e siècle, plusieurs artistes travaillent sur le thème des masques, comme Munch ou Nolde. Mais chez ces derniers les masques constituent avant tout un élément décoratif, ou un moyen de dissimuler mystérieusement l'identité d'une personne. Chez Ensor, les masques dévoilent au contraire la nature profonde de l'homme, et c'est bien là où il se révèle novateur.

L’œuvre d'Ensor est imprégnée d' « incohérence », de « fumisterie » et de « zwanse », formes d'humour moqueur qui étaient très en vogue dans les cercles bruxellois et parisiens. L’exposition montre un Ensor au sommet de son art satirique.
À partir de septembre 2024, plusieurs musées anversois mettront en lumière l'œuvre de l'artiste à travers une série d'expositions ambitieuses.
Cette exposition fait partie de l'année Ensor. D'autres expositions Ensor ? Vous pouvez également les visiter avec le pass musées.